Lorsque jean Ferrat, il y a 35 ans, vantait les mérites de la montagne où «… l’on savait manger la tomme de chèvre … et boire une horrible piquette qui faisait des centenaires à ne plus que savoir en faire… », il ne se doutait pas que le convivium « Coolporteur » des Hautes-Alpes allait mettre ces deux produits à l’honneur au cours de ses « journées » en prenant toutefois la liberté de remplacer ladite piquette par quelques flacons signés « La Rectorie » ou « Dupéré-Barerra » entres-autres. Je pense qu’il ne nous en tiendra pas rigueur !
C’est dans le cadre majestueux du domaine de Charance, siège du conservatoire botanique, à 800m. d’altitude, dominant le bassin gapençais et offrant une vue superbe sur les massifs montagneux environnants que se sont déroulées ces rencontres entre producteurs et consommateurs. Comme devait le reconnaître Jean Lhéritier, présent à cette manifestation, la nature omniprésente et ses couleurs donnait une dimension supplémentaire à ces découvertes. Le ton était donné pour ce qui allait être, pendant deux jours, une explosion de senteurs, d’arômes, de saveurs et d’autant de remises en question d’habitudes alimentaires et d’idées préconçues.
Les fromages au lait cru des producteurs locaux étaient à l’honneur : chevrières proposant des tommes parfumées dont une associée au parfum de l’épicéa, arbre emblématique de ce territoire de haute montagne qu’est le Queyras, dont les fromagers étaient également venus présenter leurs tommes et bleus produits avec le lait récolté entre 1500 et 2000m.
Autres actrices qui retirent de la montagne la quintessence des parfums, les abeilles butineuses. S’il est bien connu que les voyages forment la jeunesse, il faut reconnaître que la transhumance permet aux abeilles de nous offrir une superbe palette de parfums accumulés tout au long de leurs « virées » dans les garrigues provençales ou sur les pentes des sommets alpins, pyrénéens ou du massif central.
Au coté de ces acteurs du cru , nous avions le plaisir de recevoir des invités prestigieux issus d’un terroir catalan dont l’accent se transmettait dans les propos enthousiastes de Marc Parcé mais également dans ces productions emblématiques que sont les anchois de Collioure associés à des Rancios secs. Ce fût là, à ne pas en douter, un des moments les plus étonnants pour nos habitudes de consommateur peu enclin à aborder l’amertume en terme de saveur et pourtant…
Mais parce que notre convivium est en région P.A.C.A., nous ne pouvions manquer d’inviter l’huile d’olive à ces ateliers, huiles de Provence mais aussi d’Italie et d’Espagne. Autre voisin, Gérard Vives et ses poivres qui, comme les mousquetaires, se sont mis à 4 pour nous surprendre et, tout particulièrement, dans une association avec du chocolat et des vins provençaux.
Autant de rendez-vous au cours desquels adultes et enfants ont répondu de plus en plus présents, agréablement surpris aussi bien par les découvertes proposées que par les rencontres avec des producteurs qui, tout au long des débats, ont su faire passer la passion de leur savoir-faire.
Un premier rendez-vous ambitieux réussi pour la petite équipe du « Coolporteur » qui a su faire face tout au long de ces deux jours, en dépit d’une nuit courte, la faute au repas-rencontre du samedi soir…les produits locaux étant trop goûteux et les gens du sud peu bavards, c’est bien connu !